Pour cette deuxième journée thématique, à destination des 1ière pro de la MFR de Richerenches, nous avions choisi d'explorer le thème de la diversification. En effet, sur le secteur sud Drôme, on trouve une grande majorité de viticulteurs, encore souvent peu ou pas diversifié. Il est donc important de sensibiliser les porteurs de projet à l'importance de ne pas tout miser sur une seule production. Il est essentiel de sécuriser son exploitation, notamment face à la conjoncture économique des filières, ou encore aux aléas climatiques devenus récurrents.
Nous avons été accueilli chez Johana RIBIER, sur la commune de Visan dans l'Enclave des papes. Elle est installée depuis 2009 avec son conjoint en maraichage diversifié (courges, potimarrons, butternut, navets, patates douces, carottes, courgettes, concombres fraises, melons,...) et volailles (poulets et pintades). Ils font également un peu de miel. Ils commercialisent en vente directe : un magasin à la ferme avec un peu de dépôt-vente en plus de leurs produits, 2 magasins de producteurs, 2 marchés par semaine. Ils sont en agriculture raisonnée et pratiquent notamment la lutte intégrée mais ne sont pas certifiés en bio. C'est une question qu'ils se posent, bien que Johana souhaite avant tout que le prix de vente de ses produits reste accessibles à tous. Ils envisagent aussi de monter une tuerie pour éviter les 2h de route 2 fois par semaine. Ils sont peu mécanisé, presque tout se fait manuellement. Nous avons pu visiter son magasin et faire le tour de quelques parcelles.
"Tout cela prend énormément de temps, mais ça marche bien."
Nous avons également écouté le témoignage de 3 autres de nos JA.
Cyprien FESCHET est installé sur la commune de Grignan. Il travaillait initialement dans les TP mais s'est récemment reconverti. Il produit du vin, du maïs doux et grain, de l'ail semence, du tournesol semence, des asperges et un peu de truffe. La diversification, c'est son père qui l'avait mise en place. "C'est bien car c'est rémunérateur. Les inconvénients c'est le matériel : beaucoup de matériel veut dire beaucoup de renouvellement donc beaucoup d'investissement ; et le temps : on a du boulot toute l'année, il n'y a pas de temps mort. A l'inverse de Johana, Cyprien ne se charge pratiquement pas de la commercialisation, il fonctionne essentiellement sous contrat.
Mathieu PEYSSON est installé sur la commune de Tulette en viticulture et poules pondeuses. Ce choix de diversification a été fait par le père de Mathieu, suite à la crise de 2008, leur vignoble vieillissant et les aléas climatiques s’intensifiant. L'avantage de la filière œuf est qu'elle n'est pas impactée par le changement climatique et l'organisation du travail s'accorde bien avec la vigne. Ils ont 3800 poules en label rouge avec un cahier des charges stricte. Ils ramassent à la main 3500 œufs par jour. C'est une très bonne garantie de rémunération. Leur contrat avec la coopérative leur permet de vendre 10% en vente directe, et tout part !
Mathieu nous parle aussi du Drive créer par les JA du canton de Tulette pendant le premier confinement. Ça a débuté de rien, avec juste l'idée de vendre quelques produits en respectant les mesures sanitaires, donc sans que les clients ne sortent de leur véhicule. Puis cela a fonctionné bien au delà de ce qu'ils pensaient . Au plus fort ils ont regroupé jusqu'à 115 clients. A présent ils tournent avec 20-30 clients, et une quinzaine de producteurs. Les produits sont réservés en ligne, chaque producteur gère ses commandes. C'est aussi l'occasion de passer un moment convivial entre JA !
Wilson FESCHET est installé sur la commune de Bouchet, sur l'exploitation familiale avec son père, son oncle et son frère. Ils ont 120 ha de vignes, ce qui représente beaucoup de travail, notamment avec la taille, et rend la diversification difficile. De plus, Wilson nous explique que cela n'a pas été facile de faire accepter l'idée par ses associés car les vignes étaient rentables. Mais il est tout de même allez au bout de son envie, et a commencé a planter des grenadiers. L'objectif est d'arriver a 7 ha, afin d'être bien positionné sur le marché. La grenade se complète bien avec la vigne : le travail est similaire, mais demande moins de mains d’œuvre, moins de mécanisation, et la récolte est en octobre.
Wilson conclut en précisant qu'il est président du canton de Tulette qui existe depuis environ 5 ans. Ce canton s'est formé à partir d'un groupe de jeunes qui se connaissaient tous mais qui ne se voyaient jamais. A présent ils ont un groupe messenger, ils échangent beaucoup, peuvent s'alerter en cas de besoin, se soutenir. Cela permet de se sentir moins seul.
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