« Une installation ? ça ne peut pas se passer comme ça ! ». Après une installation compliquée en 2017 (perte de terres, problème de transfert de DPB…), Jordan décide de s’engager chez JA, et se saisi dès le début du dossier installation. Au CA en 2018, élu président en 2019, puis secrétaire régional en 2020 et membre du groupe de travail régional sur le Renouvellement des Générations Agricoles, l’engagement de Jordan est clair : simplifier le parcours à l’installation pour permettre à un maximum de jeunes de s’installer en tant qu’agriculteur.rices !
C’est au cœur de la petite commune de Soyans que Jordan s’installe sur une partie des terres de son oncle en 2017. En 2014, il est en fac d’Economie et Gestion d’Entreprise, il obtient sa licence, mais n’est malheureusement pas reçu en master. Au même moment, son oncle part à la retraite « j’ai saisi l’opportunité de reprendre la ferme », me dit Jordan. Car au fond de lui, il a toujours su qu’il reviendrait au métier d’agriculteur à un moment et quand l’opportunité se présente, on ne la laisse pas passer !
Il reprend alors un BPREA, qu’il obtient en 2016, commence progressivement à faire rentrer des cochons sur sa ferme, et s’installe l’année suivante. Très vite, son exploitation lui permet de vivre décemment. Il faut dire que Jordan s’est installé avec zéro investissement : que des terres en fermage, pas de bâtiment, matériel intégralement en CUMA ! Il a fait le choix de ne pas s’endetter car il n’était pas sûr du marché pour sa production.
En effet, le porc plein air et bio, c’est assez rare ! Mais pour Jordan c’était un choix assez évident : les bâtiments faut les curer, il n’aime pas ça, et de toute manière il n’en avait pas. « Un cochon plus ça court, moins ça grossit vite » m’explique Jordan, c’est pourquoi on les élève souvent en bâtiment, même en bio. Le marché du cochon semble complexe, une multitude de labels, de gammes de qualité : le consommateur s’y perd parfois ! Alors, pour bien valoriser sa production Jordan s’est concentré sur une commercialisation en circuits-courts : marchés dans les villes et villages voisins et magasins de producteurs sur la région, ce qui lui permet d’être directement au contact des consommateurs. Mais vendre en direct c’est aussi très prenant, alors Jordan réfléchit à développer les circuits longs mais pour cela il lui faudrait augmenter le nombre de cochons qu’il abat par an (actuellement 40).
A côté de son activité d’élevage, Jordan cultive aussi des terres en polyculture, en bio également. Quand je lui demande pourquoi être en bio, Jordan répond par un argument simple : « c’est le meilleur moyen d’avoir de la valeur ajoutée ici ». Il faut dire que les sols chez lui sont très caillouteux et ne permettent pas des productions très abondantes. L’eau manque aussi cruellement. Le label bio permet donc de produire moins mais avec une plus forte valeur ajoutée.
Polyvalent à tous les étages, Jordan aimerait à terme avoir son atelier de transformation pour la viande de cochon. Quand on parle de ça, la nostalgie prend le pas, « mon arrière-grand-père était tueur de cochon et j’ai toujours fait un peu de transformation avec mon grand-père » me raconte Jordan. Il réfléchit aussi à reprendre le Bistrot de Pays tenu par sa mère, dont le départ en retraite est prévu d’ici quelques années, ainsi que les terres de son père, lui aussi agriculteur bientôt à la retraite. Quand on lui demande où est-ce qu’il voudrait en être dans 10 ans, sa réponse est simple : « Je veux encore exister » et vivre décemment de son métier répond-il.
Seul petit point noir dans son horizon : la construction d’un bâtiment de stockage. Jordan a récemment déposé un permis de construire pour un bâtiment de 600m² en photovoltaïque à l’entrée du village. Accepté par la mairie, ce dernier suscite des querelles dans le voisinage, surtout de la part de retraités urbains, venus s’installer en campagne. Pour eux, le bâtiment va gâcher le paysage, pour lui c’est un outil de travail essentiel au développement de son activité. « Moi qui défends l’installation c’est frustrant de rien pouvoir dire », confesse-t-il…
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