Témoignage de Benjamin AUBERT, jeune installé depuis 2018 sur la commune de Montoison en grandes cultures et volailles de chair.
« Moi j’arrêterai jamais, j’ai ça dans le sang ». C’est en 2018 que Benjamin s’installe sur la ferme familiale. Celle-ci a été créé par son arrière-arrière-grand-père, et s’est ensuite transmise de père en fils sur plusieurs générations jusqu’à lui. D’une petite ferme d’environ 10 hectares à ses débuts, les générations l’ont faite prospérer jusqu’à atteindre aujourd’hui 85 hectares. Dans cette famille, on est habitué aux changements. En 100 ans, la ferme a presque tout vu : tomate industrie, colza, veaux, abricots…
En 2007, l’exploitation subit une crise. Les fruitiers viennent de vivre trois années éprouvantes : une grêle, du gel et de nouveau de la grêle. En parallèle, le marché s’effondre. L’activité n’est alors plus rentable « on ne s’en rendait pas compte car on ne comptait pas les heures de travail » me raconte Benjamin. Son père décide alors d’arracher les arbres. La même année il créé une activité de prestation de service avec une épareuse pour la taille de haut. La prestation plait aux alentours et les demandes s’accumulent : paysagistes, communautés de communes, communes et particuliers. Mais surtout, le père et le fils décident de planter du tournesol semences en 2016. D’après Benjamin c’est ce qui leur a fait sortir la tête de l’eau, sans quoi l’exploitation n’existerait plus aujourd’hui. A son arrivée dans l’EARL, Benjamin introduit également une plante aromatique : le romarin, une culture qu’il avait eu l’occasion d’expérimenter pendant ses quelques années en tant que salarié agricole.
En effet, Benjamin travaille durant cinq ans sur une autre exploitation. Il commence à la sortie de son Bac pro CGEA à la MFR de Divajeu en 2014, et s’arrête progressivement entre 2018, moment de son installation, et 2019, quand la double charge de travail devient trop importante. Il faut dire qu’il y a déjà de quoi s’occuper sur la ferme familiale : 18 hectares de tournesol semences, et le reste des hectares en rotation sur d’autres cultures : maïs doux consommation, maïs doux semences, orge d’hiver, blé tendre, blé dur, soja et même du sorgho cette année ! A côté de tout ça, il y a aussi 4 hectares de romarin, une activité fourrage et luzerne et des poulaillers. Benjamin est en constante recherche de culture à forte valeur ajoutée pour essayer d’augmenter le chiffre d’affaire afin de couvrir les charges grandissantes et d’augmenter leurs salaires à son père et lui. « On se sort un SMIC tous les deux, on n’en demande pas forcément plus pour l’instant mais j’espère que ça changera ».
L’innovation, un mot clé dans la vision agricole de Benjamin. Il me parle du travail qu’il fait sur ses sols, « un tas de sable » selon lui. Il a alors entrepris de moins labourer ces terres peu profondes et donc superficielles pour éviter le ruissellement et maintenir l’eau dans les sols. Cela suppose pour lui de rechercher des techniques de désherbage mécanique, car le désherbage chimique devient de plus en plus interdit. Cela semble déjà porter ses fruits selon lui même si tout le monde ne comprend pas encore sa démarche : « Ça fait parler autour de la ferme, mais on ne s’en sort pas moins bien ».
Enfin, pour Benjamin pas d’agriculture sans syndicat. Il est primordial pour lui de communiquer sur le métier : « Si on ne le fait pas aujourd’hui, personne ne le fera à notre place ». A 25 ans, il fêtera déjà bientôt ses 10 ans d’engagement au sein de JA. Convivialité et engagement, c’est ce qui fait qu’il s’implique à JA, et ce encore pour de belles années…
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